Keith Jarrett a toujours voulu distinguer son oeuvre de concertiste (il a interprété les fugues de Bach comme les préludes de Shostakovich) de celle d'improvisateur (en solo ou dans d'autres configurations). Vienna Concert, qui se situerait dans une espèce d'entre-deux, ne facilite pas la tâche du chroniqueur. La musique est certes improvisée (en deux longues suites), mais les influences entendues dans le jeu du pianiste (son fameux romantisme teinté d'impressionnisme qui fait mouche dans le lyrisme de "ballades" à l'ostinato envoûtant) évoquent ici plus Debussy et Chopin que Bill Evans et Mc Coy Tyner. Voilà donc un disque inspiré qui condense les propos de Facing You, Dimitri Shostakovich : 24 préludes et fugues op. 87 (sorti la même année) et Köln Concert, soit de quoi ravir les amateurs du maître en solo, d'autant que la prestation ne manque pas d'émotion. --Hervé Comte